Leur dimension esthétique n’est pas moins significative. Enserrer un château de Monbazillac, border les allées des domaines de Saussignac d’une haie ancienne, encadrer d’un alignement de tilleuls la cour d’un manoir du Bergeracois… C’est là participer d’une histoire commune. Depuis le XVIII siècle, l’art de composer le paysage autour des grandes propriétés s’impose dans le Sud-Ouest : le promeneur devait trouver, au bout de chaque perspective, une surprise, souvent un arbre remarquable. À Monestier ou Colombier, la plantation d’arbres d’essence rare signalait la richesse, le goût pour l’exotisme ou, plus prosaïquement, le besoin d’ombrager chevaux et gens de vigne lors des récoltes.
Les haies, quant à elles, épousent d’anciens tracés cadastraux. Nombre d’entre elles remontent au Moyen Âge, utilisées d’abord pour délimiter les droits d’usage, contenir le bétail, protéger les clos contre le vent, voire, à l’époque du phylloxéra, constituer un rempart naturel bloquant une partie des invasions de parasites. Plusieurs parcelles du Château de Tiregand, à Creysse, conservent encore ces lignes vives : elles racontent à leur manière la succession des générations, bien plus fidèlement que nombres d’actes notariés.